En photographie, nous sommes souvent confrontés au contre-jour. Voyons comment transformer ce qui apparaît comme un inconvénient en atout pour le photographe.

La photo ci-dessus illustre ce qu’est un contre-jour : Le photographe (moi en substance) a placé la source de lumière en face de son objectif, dans l’angle de champ. Rien de moins, rien de plus.
Le contre-jour, c’est grave docteur ?
Non. Rassurez-vous, rien de bien grave là dedans. Le principal étant de savoir comment gérer cette situation et ce n’est pas bien sorcier.
Une fois les principes de base assimilés, les photographes adorent le contre-jour car cette situation permet d’obtenir des images bien contrastées et, si elles sont bien composées, de bien belles images … tout simplement.
C’est aussi un moyen de rassembler sur une seule image, des éléments que même l’oeil ne place pas ensemble (la pupille va filtrer la lumière en fonction de l’endroit où l’on regarde), grâce au bracketing d’exposition ( voir aussi : Plage dynamique des capteurs ). Mais avant de parler de bracketing d’exposition, parlons un peu de la situation.

L’oeil, l’as du contre-jour
Je l’ai déjà écrit, et je l’écris à nouveau, notre oeil est un instrument merveilleux que les capteurs photographiques modernes n’arrivent pas (encore) à égaler. Sa plage dynamique est d’environ 24 IL (24 STOP). Les meilleurs capteurs offrent à ce jour 14IL environ.
En clair, cela signifie que notre oeil accepte de plus grands contrastes que nos chers appareils photo. Dans une scène en contre-jour, cette notion de plage dynamique prend toute son importance.
L’histogramme de la photo du dessus est celui-ci :

A gauche, les basses lumières, à droite, les hautes lumières, au milieu … pas grand chose. Dans la réalité, la scène apparait moins sombre ET moins lumineuse (parce que dans la réalité, notre oeil est plus performant, je le rappelle).
C’est la situation typique que vous allez rencontrer dans votre photo de contre-jour.
Compromis
Sans l’aide de lumière d’appoint, sans l’aide du « bracketing » (et donc d’un trépied, plus que vraisemblablement), vous allez devoir faire des choix! Et oui!
Votre capteur n’offrant pas les même latitudes que votre oeil, il vous faudra décider la partie de la scène que vous voulez favoriser … au détriment de l’autre partie, ou des deux si vous choisissez d’exposer « au milieu ». Quoique pour ce dernier point, et à condition que la plage dynamique ne soit pas trop étendue, il est parfois intéressant d’exposer « au milieu » car le Raw nous offrira des possibilités de correction. J’y reviendrai.
Pour faire choix, c’est le rendu de contre-jour que vous souhaitez obtenir qui déterminera votre orientation. Il faut donc « visualiser » mentalement ce fameux rendu. Vous pouvez évidemment faire 2 images exposées différemment et vérifier le résultat directement sur votre appareil.

Contre-jour et modes de mesure de la lumière
Pour les photo en contre-jour, il faut avant tout déterminer le bon mode de mesure de la lumière.
Si vous optez pour une balance entre les ombres et les hautes lumières, la méthode matricielle sera probablement la plus adaptée puisqu’elle permet d’obtenir une moyenne de la luminosité de la scène. Si vous optez pour l’un ou l’autre côté (les ombres ou les hautes lumières), la méthode de mesure »Spot » vous viendra bien en aide.
Dans ce mode « spot », il faudra bien faire attention à placer le collimateur sur la zone que vous souhaitez privilégier. Sur les ombres … ou … sur les hautes lumières.
Le résultat sera très différent dans les deux cas et ce choix, comme je le disais plus haut, va considérablement affecter le rendu de votre image. Des ombres chinoises , par exemple, seront obtenues en favorisant l’exposition pour les hautes lumières. Les noirs seront « bouchés » (pas de détails) , mais c’est bien le résultat voulu.

Si vous choisissez l’option contraire, ce sont les blancs qui seront « cramés » (absence de détails) et les noirs bien détaillés. A nouveau, c’est l’option choisie en fonction du résultat à obtenir.

Je veux plus de détails pour mon contre-jour
Comme je vous comprends!
Je reviens donc sur ces quelques éléments dont je parlais plus haut :
- Le Raw et l’exposition au « milieu »
- Le bracketing
- L’appoint de lumière
J’expose « au milieu »
Pour cet « exercice », je choisis de ne favoriser aucune zone en particulier. Je vais donc faire une mesure moyenne de la lumière. J’obtiendrai donc un histogramme assez creux au milieu et bien fourni sur les bords.

Si je photographie cette scène en JPEG, les zones bouchées et cramées sont irrémédiablement perdues. L’info est encodée dans le fichier JPEG sur l’appareil et il est impossible de récupérer les valeurs 0 (noir) ou 255 (blanc) … terminé, kaput, finito …!!!
En Raw, on peut espérer récupérer environ l’équivalent de 2IL.
Ce n’est pas grand-chose finalement et pourtant c’est toute la différence.
Exprimé en pourcentage, ces 2 IL prennent une autre saveur : sur un capteur ayant une plage dynamique de 12 IL, 2 IL représentent un gain de 16% (j’aimerais que mon salaire soit payé en RAW aussi).

A gauche, on remarque immédiatement l’absence de détails dans les ombres. L’usine est pratiquement noire, le sol est fort dans l’ombre et le ciel est très lumineux, laissant comme un « voile » de lumière sur les nuages.
A droite, et après un petit passage dans un logiciel de développement (Lightroom, Affinity Photo, etc..), on récupère ces détails perdus.
Frappant, non ?
Ceci ne fonctionne pas toujours! On se situe ici dans une plage dynamique de 12 à 16 IL environ.
A midi, soleil dans le cadre et dans un forêt par exemple, les noirs resteront bouchés et les blancs cramés. Mais bon, cela peut faire aussi une image sympa.

Le contre-jour et le bracketing
Le bracketing d’exposition consiste donc à faire plusieurs photos de la même scène, à des expositions différentes.

L’idéal est de disposer d’un trépied afin de faciliter le regroupement des images dans un outil HDR (High Dynamic Range) tel que Photomatix , HDR Efex Pro (suite logicielle Nik Collection) , Photoshop (Exposure Blending) ou EnfuseGUI (gratuit).
Après le traitement, voilà à quoi on peut s’attendre :

Le logiciel, dans mon cas HDR Efex Pro, tire parti des différentes expositions et conserve celles qui disposent d’un maximum de détails. Je ne vais pas vous faire ici un cours sur le tone maping et l’exposure blending (oui, je sais, c’est de l’anglais) mais au moins, vous aurez une petite idée des avantages de ce système.
A noter, certains appareils (comme le Canon 5D MkIII) proposent de faire cette opération pour vous, directement sur l’appareil. La différence, c’est le contrôle que vous pouvez exercer (ou pas) sur le processus.
Contre-jour et appoint de lumière
Quand la plage dynamique d’un scène est trop grande, il y a moyen de la réduire en faisant un apport de lumière pour « déboucher » les ombres. Par cette opération, vous remontez le point noir (cet endroit où l’info disparait) de quelques IL en fonction de la puissance de la source lumineuse utilisée.
Un des moyens les plus simples consiste à utiliser un réflecteur qui va vous permettre d’utiliser la source de lumière qui éclaire le sujet par derrière pour l’éclairer par devant. Cette source sera donc assez concentrée dans l’espace mais pour des sujets rapprochés et pas trop grand (portrait par exemple), c’est l’idéal.
Pour cette technique, un « assistant » est souvent nécessaire pour bien orienter la lumière quoique, dans certains cas (le portrait) vous pouvez demander au sujet de tenir le réflecteur pour vous (si ce réflecteur ne rentre pas dans le champ).
Un autre moyen est d’utiliser votre flash.. en plein jour.
Pour cela, vous devrez utiliser le mode « Fill-in » qui est spécialement prévu pour cet usage.
A nouveau, il s’agit d’éclairer un sujet proche. N’imaginez pas éclairer la tour Eifel par ce moyen!
Il est possible que vos ombres soient trop exposées. Si c’est le cas, utilisez la compensation d’exposition afin de réduire le temps de pose.

Pour réaliser la photo ci-dessus, j’ai utilisé mon flash pendant la pose longue pour amener un peu de lumière sur ces poutres à l’avant-plan.
Je tenais donc mon flash à la main et je l’ai déclenché plusieurs fois manuellement tandis que l’appareil était sur le trépied.
Défaut(s) du contre-jour
La grosse difficulté du contre-jour, c’est le « flare », c’est-à-dire ces artefacts lumineux qui apparaissent lorsque la source de lumière apparaît dans le cadre.
Il s’agit du soleil en général mais les sources lumineuses artificielles le provoquent aussi.
Ce flare vient de la réflection d’une petite partie de la lumière captée sur les différentes lentilles qui composent un objectif.
Cette lumière réfléchie vient frapper une autre lentille et provoque une tache lumineuse et colorée.
Le phénomène peut se répéter plusieurs fois et on voit alors plusieurs de ces taches.
La première chose à faire est de mettre le pare-soleil qui pourra éliminer les lumières parasites qui viennent des sources hors champ.
La seconde, est de retirer le filtre UV qui, en général, protège la lentille extérieure de l’objectif.
Certains objectifs disposent de verres traités qui diminuent considérablement ce « flare » ou le supprime carrément.
Bon.. ils se trouvent dans la partie haute du panier (haut de gamme).
Le flare est un défaut mais dans certaines circonstances, il donne à l’image un côté nostalgique.
Il existe même des flares artificiels que l’on ajoute aux images dans Photoshop pour obtenir l’effet dont je parle.
Conclusion
Vous voilà donc parés pour le contre-jour…
J’aimerais bien connaître vos techniques, vos difficultés.. ou tout simplement, votre avis sur cet article.
Utilisez la zone de commentaires pour faire entendre votre voix.
Super article, comme d’hab…
Merci ;c)
Merci, PiJo (encore moins de lettres .. 🙂 ..)
Remarquable article, particulièrement bien détaillé et documenté par de belles photos. Très compréhensible, ce qui est vraiment LE +.
Les fiches étaient déjà bien imaginées mais cet exposé complète réellement la formation de celui qui veut y consacrer un peu de temps.
Félicitations.
Merci, en voyage photos à N-Y ‘ai fait des photos en HDR avec la version gratuite de Photomatix + LR je me retrouve avec des tas de photos que je n’arrive pas à fusionner, j’ai aussi essayé Infuse.
mes photos ne sont pas perdues mais ‘ai du mal à les sélectionner.
Bonjour Dolley.
Je ne sais pas vraiment t’aider … hélas.
A bientôt
Eric
Bonjour Dolley,
je ne pense pas que ça marche avec la version gratuite de « Photomatix » !!!,je pense que certaines fontions ne sont disponibles que avec la version payante……?
Bonsoir Eric
très bon article, très instructif et illustré de superbes photos. J’ai beaucoup aimé.
Pour ma part j’ai tendance a utiliser la mesure lors des essais de contre jour que je fait. Je me suis aussi essayé un peu au HDR mais pas vraiment fan : risque d’avoir un rendu artificiel (mais je m’y prend sans doute pas bien)
Bonsoir Chanfi22,
Merci pour le petit mot concernant mes photos.
Il est vrai que je préfère utiliser les miennes (quand c’est possible) plutôt que celles des autres.
Mes collègues blogeurs font plutôt l’inverse … 🙂
Obtenir un rendu naturel avec l’HDR n’est de fait, pas facile.
Il faut un peu chercher et éviter de pousser les curseurs … trop loin.
A bientôt,
Eric
Salut Eric,a tous,
Très bon aricle,complet mais c’est une habitude chez toi.
A propos du fameux « flare » il est parfois interessant d’en garder pour l’ambiance sur certains clichés,on obtient une atmosphère particulière…….!?
Superbes images,un régal……
Comme logiciel de traitement il y a aussi OloneophotoEngine : http://www.oloneo.com/ et son petit frère OlonéoHDR,très intuitif,facile en prendre en main,bien que l’interface soit en anglais,l’acceuil du site est disponible en francais.
Au plaisir,
p’titjo
Merci p’titJo.
Je ne connaissais pas Olonephotoengine …. mais je ne manquerai pas de faire un petit tout sur leur site
A bientôt
Toujours un régal de vous lire, et des photos magnifiques. Merci !!!
Avec plaisir Benoit.
bonjour Eric,
très bon billet, très clair !
J’ai 2 questions :
– pour la mesure d’exposition (je suis en Canon), si j’ai bien compris ton billet et celui sur les modes de mesure la mesure spot ne se fait que sur le collimateur central c’est bien ça ? Même si on change le collimateur d’AF la mesure spot reste au centre ?
– qu’appelles-tu le mode « fill-in » ? Cela existe-t-il sur une marque ou c’est juste une interprétation pour dire qu’il faut qu’on réfléchisse en « fill-in » ?
Merci en tout cas pour tout ces posts et ces belles photos !
Nicolas
Bonjour Nickroug,
1. En Canon, la mesure d’expo en mode spot reste au centre … oui!
2. Ce n’est pas propre à une marque, c’est un mode courant qui permet au flash de se synchroniser avec la vitesse réelle d’obturation.
Je vais de toute façon re-vérifier
A bientôt
Merci infinniment pour ce cours très pratique, le contre jour est une situation très fréquente et il est vrai qu’avec des astuces comme les vôtres avec un petit soupçon d’imagination on peu faire des merveilles. 😉
Avec plaisir ..
En effet … des merveilles.
Il n’y a plus qu’a …
Bonjour , Eric
Tres tres bon article , et jolies photos j’adore particulierement la derniere ( je suis né dans ce village ) .
Je n’ai presque jamais fait ce genre de prise de vue ,je vais mis mettre pour un essai photo de nuit avec un coup de flash tenu à la main .
Merci André,
Bonne chance pour les essais … 🙂
Tu peux toujours poster la photo en lien dans un commentaire.
A bientôt
Eric
Bonjour Eric,
Superbe article! Et je reste toujours en admiration devant tes photos!
Je n’ai encore jamais essayé le bracketing. Combien d’images prends-tu pour cela? 3 ou plus? Et combien d’IL d’intervalle?
Sur mon appareil, je peux régler le bracketing d’exposition en continu (3 clichés): je pense alors, si la vitesse est suffisante que l’on peut dans ce cas se passer de trépied?
A bientôt,
Rudy
Salut Rudy.
Tu peux faire 2 photos avec 3 ou 4IL d’écart (en manuel) ou … 9 photos à 1/2 IL d’écart.
Tout dépend de la situation. En général, 3 photos à 1 ou 2 IL d’écart suffisent.
Si tu fais du bracketing en rafale sans trépied, tu risques toujours un léger décalage des différentes images. Si ton logiciel HDR est équipé d’une fonction « shadowing », alors il sera capable de réaligner les images si les différences ne sont pas énormes.
Belle journée.
Je découvre ce site à l’occasion d’une recherche internet sur ce thème.
Ce site est à présent dans mes favoris.
L’article est très intéressant, bien expliqué, bien documenté.
Merci pour ce partage.
Bonjour Photard26 …
Merci pour le retour d’info plutôt sympa.
A bientôt et belle journée.
Cher Eric,
Abonné depuis quelque temps à votre lettre, et ayant tout lu de vos conseils, je me décide enfin à vous remercier pour le travail, à mon avis remarquable, que vous nous offrez.
Votre modestie n’est pas qu’une qualité humaine, elle a aussi une vertu pédagogique: on se sent si proche de votre expérience que bien des barrages inutiles tombent; vos photos sont de beaux et excellents exemples, à suivre ou non (;-)), ce qui me paraît aussi rare que précieux.
Je ne fais que de l’argentique, mais vos conseils numériques sont le plus souvent transposables.
Mon épouse (« argentique » aussi), mais qui utilise un Pentax K50 pour apprendre à maîtriser les fondamentaux, utilise sans cesse vos conseils.
Merci! Continuez! Et surtout, soyez sûr que beaucoup vous lisent et apprennent avec vous, sans toujours vous le dire!
Bien cordialement,
jean-Claude Maitre
Bonjour Jean-Claude,
J’ai relu votre message plusieurs fois et je ne sais pas vraiment quoi dire si ce n’est : Merci !
Chaque jour, environ 1.200 pages de mon site sont vues par des internautes.
Je sais donc « qu »il » apporte « quelque chose » à « quelqu’un ».
Mais quand quelqu’un se manifeste de la manière dont vous l’avez fait, cela m’encourage vraiment à continuer, même si je n’écris pas souvent!
Belle journée à votre épouse et vous-même.
Je fais parfois des contre-jours dans des manifestations sportives (donc flash proscrit), malheureusement les sujets manquent beaucoup de piqué, ce qui n’arrive pas en conditions plus académiques. Peut-être utiliser la mesure spot sur le sujet ?
Très intéressant, mais en ce qui me concerne, c’est pour photographier des oiseaux dans mon jardin sachant que mes portes fenêtres sont orientées plein ouest et que je ne peux pas sortir sans que la petite marmaille ne s’envole. Mon jardin est petit (100m2).
Bonjour barruhet,
Dans ces conditions, je comprends que vous deviez exposer en tenant compte des limitations.
Belle journée,
Eric
Merci pour vos articles et pour vos futurs envois très intéressants.
Avec plaisir.
Belle journée !