Pour améliorer la netteté d’une photo, vous vérifiez le plus souvent les paramètres techniques de votre appareil lors de la prise de vue.
C’est (très) bien, mais ce n’est pas tout.
Pour garantir un haut niveau de qualité, vous devez être vigilant sur toute la chaîne de production pour obtenir une photo nette.

La netteté d’une photo : c’est quoi ?
J’ai écrit à propos de l’amélioration de la netteté d’une photo macro. Je reviens plus longuement sur la netteté dans ce qui suit.
La netteté est une perception qui diffère selon les individus.
Il s’agit du seuil de notre capacité d’humain à distinguer des détails avant qu’ils ne se confondent pour former une tache.
Cette définition est abrupte mais elle colle à la réalité !
Au final, lorsque deux personnes regardent la même image, dans les mêmes conditions d’observation, l’un pourra prétendre y voir plus de netteté que l’autre puisque l’acuité visuelle est propre à chacun.
Et je sais pour le vivre actuellement qu’elle diminue avec le temps.
Heureusement, j’ai des lunettes.
Dans le langage du photographe, ce phénomène s’appelle « le cercle de confusion ».
- En optique, il est possible de le calculer. Il est d’ailleurs bien meilleur (lisez plus petit) que ce que l’œil humain est capable de discerner. Il s’articule autour d’un concept qui se nomme : le pouvoir de résolution ou de séparation (rien à voir avec les divorces)
- Les capteurs photo proposent aussi une valeur pour ce cercle de confusion.
L’utilisation de ces valeurs n’est réellement utile que si vous souhaitez calculer au dixième de millimètre près la profondeur de champ d’une zone « nette » sur une photo « macro ».
Pour des images traditionnelles, ce paramètre n’a que peu d’importance.
Dans la pratique, il vaut mieux ne pas se prendre la tête avec ça.
Si il n’y avait que nous, les humains, pour influer sur la perception de la netteté, ce serait trop facile.
Avant de voir une image, il faut la faire et il faut un sujet pour la faire !
La netteté dans la chaîne de production de l’image
L’obtention d’une photo nette dépend de l’élément le plus faible dans la chaîne de production.
Pour vous aider, je vais diviser cette chaîne en trois grandes catégories :
- Le sujet et le contexte dans lequel il est placé
- L’appareil et le photographe
- La production de l’image en elle-même (création du JPEG par l’appareil, outils de développement, compression)
Pour chaque catégorie, je vous explique comment améliorer la netteté de la photo.
Si l’un des maillons de cette chaîne est « faible », la netteté de l’image finale s’en ressentira.
1. Le sujet
On n’y pense pas toujours mais le sujet influe beaucoup sur la netteté d’une photo, et les conditions de prise de vue aussi !
Le sujet bouge
Cela paraît évident : si le sujet bouge, le risque d’influence sur la netteté de l’image augmente.
Vous devez relativiser ce paramètre puisqu’il est composé de trois critères :
- la vitesse de déplacement du sujet,
- la distance « relative » qui vous sépare de lui, et
- le temps d’exposition
Si le déplacement du sujet est lent, l’éloignement « relatif » suffisant et le temps de pose très court, il y a très peu de risque.
Si le sujet se déplace rapidement, qu’il est proche de vous et que le temps d’exposition est long, le risque est grand.

Je reviens sur le temps d’exposition dans le chapitre 2, de même que sur l’éloignement « relatif » puisqu’il s’agit avant-tout de parler de distance focale (zoom ou pas zoom).
Le sujet manque de contraste
Le contraste aide à distinguer les détails.
Mettez deux petits carrés blanc côte à côte sur un fond blanc. Vous ne les distinguerez pas !
On peut étendre ce principe à toutes les couleurs similaires, et en photographie noir et blanc, aux niveaux de gris très proches.
Voici trois exemples qui étayent mes dires :



Pour jouer avec les couleurs et comprendre les notions de couleurs complémentaires ou adjacentes, je vous conseille la roue des contrastes de couleurs de Paletton.
Cet outil, à la base, permet de définir des associations de couleurs lors du design de site web.
Il fera très bien l’affaire pour que vous compreniez bien ces notions de contraste de couleurs en photographie.

Dans le même ordre d’idée, expérimentez aussi les contrastes de couleurs de la roue chromatique de Adobe Color CC .

La scène manque de contraste
Si la lumière est « diffuse », le problème se pose aussi.
Pensez à ce cas extrême (si vous faites du ski) : lors de votre dernière descente dans le brouillard, aucun détail n’apparaît, mais vous « sentez » les bosses sous vos skis. Vous ne les voyez pas car il n’y a pas d’ombre.
Un exemple plus commun : si vous roulez en voiture dans le brouillard, le même phénomène se produit. Les ombres sont lissées et tout paraît beaucoup plus « gris » qu’à l’accoutumée.
A contrario, lorsque le sujet baigne dans un puissant contre-jour, le fort contraste va, lui aussi, participer au manque de netteté (voir la photo qui suit).
Les conditions de prise de vue ne sont pas adéquates
En été, et particulièrement dans le cadre de la photo de paysage, les ondées de chaleur de l’après-midi et les poussières par temps sec ne font rien pour améliorer la netteté des photos.
Vous lirez souvent que la lumière de l’hiver est plus belle. C’est vrai, et c’est très lié aux deux éléments ci-dessus, mais aussi au fait que le soleil est moins « dur » et plus bas sur l’horizon.
En été vous devrez privilégier les prises de vues le matin ou après un orage, lorsque la poussière est entraînée à terre par la pluie.
D’autres facteurs extérieurs, que je cite pèle-mêle, influent aussi sur la netteté d’une image:
- Une prise vue au travers d’une fenêtre (fermée) ou d’un hublot
- Le brouillard (évident), la neige, la pluie
- L’eau, lors d’une prise de vue sous-marine ou dans une piscine
- Les images montrant des reflets (cela dépend de la surface qui reflète)
- L’obscurité
- L’éloignement du sujet

Voilà pour ce qui concerne la netteté du sujet. Voyons ce qui se passe du côté de l’appareil et du photographe.
2. L’appareil et le photographe
Je vais vous faire sourire : pour faire une photo nette, il faut vouloir en faire une.
Si votre intention de photographe est de traduire votre message par une photo floue…. vous m’avez compris !
Si vous considérez l’appareil (plus l’objectif) et le photographe, les sept (huit) facteurs qui conditionnent le plus la netteté d’une photo sont :
- la profondeur de champ
- le temps de pose
- la réactivité de l’auto-focus et la précision de la mise au point
- la qualité de l’optique
- la stabilité de l’appareil lors de la prise de vue
- le mode automatique
- La dioptrie de votre viseur
- (le phénomène de back ou front focus – ainsi dénommé en anglais)
La profondeur de champ
J’ai discuté de l’ influence de la profondeur de champ sur la netteté d’une photo dans plusieurs articles.
En résumé : La profondeur de champ est la zone nette d’une photo.
Elle est conditionnée essentiellement par l’ouverture de l’objectif (la valeur A ou Av).
Si l’ouverture est grande (f/1.4), la profondeur de champ est courte.
Si l’ouverture est petite (f/22), la profondeur de champ est grande.

Le plan dans lequel se trouve cette zone nette dépend de l’endroit où le photographe fait la mise au point.

La profondeur de champ est une élément créatif puissant puisque vous pourrez en jouer pour créer un point focal (point sur lequel l’attention du spectateur est attiré) ou au contraire… suggérer plutôt que montrer.
Pour garder la maîtrise de la profondeur de champ, vous devrez utiliser le mode priorité ouverture (A ou Av) ou le mode manuel (M).
Tous les autres modes de prise de vue donnent à l’appareil le pouvoir de choisir l’ouverture à votre place et ce n’est pas ce que vous voulez (quoique : le mode P offre encore une certaine latitude puisqu’il propose des couples vitesse/ouverture parmi lesquels vous pouvez choisir).
Notez bien que de manière générale, une ouverture de f/5.6 (c’est un exemple) sur une focale de 18mm offre une bien plus grande profondeur de champ que sur une focale de 200mm.
Notez aussi que pour une optique donnée et pour une ouverture donnée (disons f/5.6 et 50mm) la profondeur de champ est plus courte si vous faites la mise au point sur un sujet très rapproché et devient plus grande pour un sujet plus éloigné. Vous pouvez le remarquer sur la photo ci-dessus (comparaison des 3 images).
Le temps de pose
Le temps de pose et la netteté d’une photo entretiennent des relations étroites qu’il vous faudra toujours mettre en regard de la vitesse de déplacement relative du sujet (ou de votre propre déplacement dans certains cas).
Si votre sujet est absolument stable et fixe et que votre appareil répond au même critère, le temps de pose n’a aucune influence sur la netteté.
Il est toutefois possible que le bruit numérique fasse une apparition lors d’une pose longue. Je parle ici d’un temps de pose supérieur à 30 secondes.
Ce qui compte vraiment, c’est la vitesse avec laquelle votre sujet bouge dans le cadre. Et c’est pour cela que je parle de vitesse de déplacement relative.
Si une voiture passe de gauche à droite dans le cadre en roulant à 50km/h, elle semblera passer à la vitesse de l’éclair si elle est proche de vous et elle semblera très lente si elle très éloignée de vous.
Pensez à ces avions qui volent à près de 900 km/h mais qui, par leur hauteur de vol, semblent à peine se mouvoir dans le ciel.
Pour un sujet qui bouge, il n’y a donc pas de règle établie pour définir un temps de pose qui garantisse une photo nette.
Le principe général est que le temps d’exposition doit être d’autant plus court que la vitesse relative de déplacement du sujet dans le cadre est grande.
Réactivité de l’auto-focus et précision de la mise au point
Il est des domaines de la photographie dans lesquels la réactivité de l’AF et la la précision de la mise au point n’influencent pas tellement la netteté d’une photo. Je pense par exemple à la photo de paysage pour laquelle vous allez privilégier plutôt les focales courtes et les petites ouvertures.
Finalement, la réactivité de l’AF, c’est quoi ?
C’est la capacité qu’a ce dernier à s’adapter très rapidement à des changements de position du sujet dans le cadre, tant latéralement qu’en profondeur. C’est aussi sa capacité à « interpréter » des élément perturbateurs qui passeraient entre l’objectif et le sujet.
Cette capacité sera principalement utile en photo de sport ou en photo animalière pour capter des sujets « sur le vif ».
Le mode de pilotage de l’AF est un facteur prépondérant. Il détermine comment l’AF se comporte par rapport à une situation donnée.
Je pense ici au modes : Automatique, Manuel, Continu (AF-C ou AI Servo), Suivi 3D, Single (AF-S ou OneShot) et autres modes disponibles en fonction de la gamme d’appareil photo.
Ce sujet mérite un article à lui seul. Je vais donc citer quelques principes qui régissent son fonctionnement :
- Au plus l’ouverture est petite, au moins la cellule qui permet de faire la mise au point est efficace. En général, on perd une première fois en précision après f/5.6 et une seconde fois après f/8. Sur certains zooms « longues focales », il est même parfois nécessaire de passer en mode manuel (sig).
- La qualité de la mise au point dépend de la forme et de l’orientation des collimateurs (vous savez… ces petits points qui s’allument dans votre viseur).
Sur une même cellule, vous trouverez des collimateurs verticaux, horizontaux, en croix et en étoile Cela vaut la peine de consulter votre manuel pour savoir où se trouve quoi. Dans tous les cas, le meilleur collimateur se trouve au centre. - La vitesse de la motorisation de l’objectif et très importante (sur les objectifs récents, ce n’est plus vraiment un problème)
A propos du mode LiveView :
Par rapport au mode de visée optique (votre viewfinder), le mode LiveView (sur l’écran arrière) fonctionne complètement différemment pour ce qui concerne la mise au point. Son système de mesure est bien plus performant pour garantir une mise au point parfaite (vous pouvez même faire la mise au point en agrandissant l’image sur l’écran) et se base sur une toute autre technologie.
Mais.. (il y a toujours deux faces à une pièce) il est beaucoup plus lent.
Si vous l’utilisez, vous remarquerez que souvent, la mise au point se fait par une petite série consécutive d’allers-retours en deçà et au delà du point net (cela dépend du niveau de luminosité de la scène).
Ce mode est à privilégier si vous souhaitez une mise au point parfaite d’un sujet qui ne bouge pas.
Qualité de l’optique
Pour vous expliquer ce paramètre, j’ai choisi de montrer comment vérifier la qualité d’une optique sur DxOMark.
En résumé : Le choix de l’optique influence la netteté de l’image mais les optiques les plus chères ne sont pas forcément bien meilleures que les moins chères.
Ce qui est important, c’est de construire un couple boitier / objectif cohérent.
Stabilité de l’ensemble optique / appareil
Il s’agit d’un paramètre quasiment évident, mais il est important de le mentionner afin d’être complet (vous n’imaginez pas la quantité de photographes que j’ai vu marcher en prenant des photos… si si ).
La stabilité de cet ensemble conditionne ce l’on appelle le « flou de bougé ». Il est possible de limiter l’impact du flou de bougé sur la netteté d’une photo en prenant quelques mesures simples :
- Monter son appareil sur un trépied
- Activer la stabilisation optique, ou celle de l’appareil (sauf si l’appareil est sur un trépied), si la situation l’exige
- Maintenir les coudes au corps
- S’appuyer sur un mur ou un parapet
- Utiliser le retardateur ou une commande filaire
- S’arranger pour que le dénominateur de la fraction qui représente la vitesse (par exemple le 125 de 1/125s) soit au moins égal ou plus grand au nombre qui représente la focale (par exemple 100 mm). Si vous avez lu l’article en lien juste ci-dessus, vous avez lu que je préconise de fonctionner à 2x ce nombre (donc pour un 100 mm, au moins 1/200s)
Le mode « tout » automatique
Si vous souhaitez conserver la maîtrise de votre photo finale, il est impératif de sortir du mode ‘tout automatique ».
Par mode « tout automatique », je parle de ce mode où l’appareil choisit tout (ou quasiment) pour vous :
- l’ouverture
- la vitesse
- la montée en ISO
- la balance des blancs
- le mode de l’auto focus
Évitez-le !
La dioptrie du viseur
Je parle de ce paramètre… parce que cela m’est arrivé.
Je faisais des photos avec mon ZEISS 18mm manuel en réglant la mise au point « à l’oeil » (sans aide de l’appareil).
Rentré à la maison, j’ai téléchargé les photos et ce qui semblait net sur le petit écran de l’appareil photo ne l’était plus du tout sur l’écran de l’ordinateur.
J’ai immédiatement incriminé le matériel mais une seconde réflexion quant aux causes possibles m’a amené à vérifier la dioptrie de mon viseur. Une fois réglé correctement, tout est rentré dans l’ordre et j’ai retrouvé des photos nettes.
(Front ou back focus)
Pourquoi des parenthèses ?
Parce que je suis prudent.
- le phénomène de front ou back focus est intiment lié au fonctionnement de l’Auto Focus, ou plus exactement de la relation qui existe entre les réglages du miroir, de la cellule de mesure de contraste et de l’Auto Focus,
- parce qu’en parler, c’est souvent le prétexte pour pointer du doigt un facteur qu’il n’est pas forcément facile de prouver et de corriger, et
- parce qu’en cette matière, les constructeurs sont très réticents à faire intervenir la garantie sur les appareils qui ne disposent pas de fonction de correction manuelle (par objectif)
Ces précisions étant faites, je peux en parler plus librement.

Sur le schéma ci-dessus, le sujet est au point N, le capteur est cette barre verticale rouge et la projection du point net (qui représente le sujet) est en N’.
Lorsque vous faites la mise au point sans utiliser le mode « live view », c’est à dire que vous la faites à partir de votre viseur en vous servant des collimateurs, l’appareil utilise une cellule à détection de phase (ou a contraste de phase) et il règle l’Auto Focus en fonction de cette mesure.
La qualité de cette mesure varie en fonction :
- de la gamme de l’appareil photo, et/ou
- en fonction de la qualité de l’objectif, et/ou
- des conditions lumineuses, et/ou
- de la valeur de l’ouverture du diaphragme
L’appareil est réglé en usine pour faire coïncider la convergence des faisceaux lumineux N’ avec le capteur. En tout cas, c’est le but !
Mais il arrive parfois, et cela se remarque plutôt en photographie Macro, que ce réglage ne soit pas aussi précis que vous le souhaiteriez (ou que le constructeur le voulait).
La convergence des faisceaux se faisant alors vers F’ (Front focus) ou vers B’ (Back Focus).
Sur certains appareils de milieu de gamme et, en général, sur les appareils haut de gamme, il est possible de corriger ce phénomène « à la main » en suivant une procédure reprise dans le menu et en fabriquant une mire .
Si la construction d’une mire vous rebute, il existe des mires de calibration d’auto Focus toutes faites.
Voici une animation qui explique en moins de deux minutes la procédure à suivre.
Ceux parmi vous qui souhaitez creuser ce sujet à fond aimeront les explications que donne Arnaud Frich au sujet de la calibration de l’Auto-Focus pour une meilleure netteté de l’image.
3. La production de l’image en elle-même
Vous êtes toujours là ? Cool !
Qu’est-ce que je veux dire par ce titre ?
Jusqu’à ce point précis, je me suis intéressé à ce qui se passe jusqu’au moment où la lumière arrive sur le capteur.
A partir de ce point précis je vous convie à voir ce qui se passe ensuite !
Sur un reflex moderne, vous avez deux options pour produire une image : travailler en RW ou produire directement un JPEG sur l’appareil (ou les deux en même temps).
La première envie qui me vient est de vous envoyer vers cet article qui explique la différence entre les formats « JPEG » et « RAW ».
Je vous invite, si vous ne connaissez pas la différence, à le lire (c’est important pour la suite).
Quelques rappels de base :
- Un RAW n’est pas une image mais bien une matrice de données et ne contient aucune couleur. Il a besoin d’être « développé » pour donner le meilleur de lui même
- Un JPEG est une image numérique développée (finie) dont la qualité dépend de son facteur de compression
- Tous les appareils photos produisent des JPEG, certains types d’appareils produisent aussi des RAW
- Le développement d’un RAW permet des actions plus précises et ciblées que sur un JPEG
Si vous optez pour le RAW, vous verrez une image moins flatteuse que celle produite en JPEG parce que aucune « amélioration » artificielle n’a encore été appliquée, au contraire du JPEG qui subit, dès sa création, un traitement de la part de l’appareil.
Le traitement principal (mais ce n’est pas le seul) que reçoit le fichier JPEG lors de sa création est ce que l’on nomme « l’accentuation ». Il est combiné avec un autre facteur qui se nomme la « compression ».
L’accentuation et la compression
L’accentuation n’a aucune incidence sur le contraste général de l’image, c’est à dire la différence entre les ombres et les hautes lumières (ou le noir et le blanc). Il agit par contre sur ce que l’on appelle les « micro-contrastes« .
En deux mots, au plus vous « accentuez », au plus les différences de tons seront marquées sur des surfaces très petites. La sensation de netteté sur la photo s’en trouve directement améliorée, quel que soit l’endroit où vous regardez dans l’image.
Les constructeurs utilisent cette technique, combinée avec une saturation légèrement poussée, pour rendre les photos produites assez chatoyantes au regard.
Si vous créez vous-même vos JPEG à partir de RAW, il faut en passer par l’accentuation dans votre logiciel de développement car le rendu initial d’un fichier RAW paraîtra toujours, à la base, moins net, moins contrasté et moins saturé (coloré) qu’un JPEG. Il serait dommage de publier des images qui paraissent manquer de netteté ou de couleur simplement parce que vous n »avez pas « traité l’image ».
Il ne s’agit pas de « triche » mais bien d’un élément normal et indispensable du flux de production d’une image pour en faire une photo nette.
Mais attention : si vous poussez le bouchon trop loin, l’image perd de son naturel (oui, je sais, je suis un rabat-joie).
Voici 3 fois 3 exemples sur la même image :
- de gauche à droite : le RAW de base (transformé en JPEG non traité) – un JPEG accentué – un JPEG trop accentué
- de haut en bas : pas de compression (haute qualité) – compression moyenne (qualité moyenne) – forte (basse qualité)



Pour mieux vous rendre compte des différences, cliquez sur les images et voyez la version plus large.
Ce qui est amusant, c’est que les 3 différentes qualités n’apparaissent pas ci-dessus de manière flagrante (c’est parce que l’image est petite).
C’est probablement plus évident sur l’image ci-dessous :

Vous voyez que de gauche à droite, apparaît un phénomène de pixelisation qui n’améliore pas la netteté de la photo.
Lorsque vous laissez le soin à votre appareil de produire le JPEG, le résultat final, au niveau du ressenti global de netteté, dépendra principalement de ces 2 critères.
Pour vous aider dans la gestion de la netteté sous Adobe Lightroom, j’ai trouvé cette vidéo que je trouve bien faite.
En plus, l’auteur est d’un naturel jovial, ce qui ne gâche rien.
Passez directement à 2m19s si vous souhaitez éviter l’introduction.
Un mot sur le recadrage des images.
Lorsque vous recadrez une image (vous faites un zoom dans la photo pour n’en conserver qu’une partie), vous diminuez sa définition globale (sa taille).
Si vous faites ce l’on appelle un « crop sévère » (crop=recadrage), cela se verra sur l’image produite et ce phénomène de pixellisation apparaîtra aussi.
Sur des images partagées sur le net, cela ne se voit pas trop. Lorsqu’il s’agit d’impression papier, c’est une toute autre histoire.
De manière générale, n’utilisez le recadrage que comme une roue de secours et pas comme d’un élément habituel dans le flux de production de vos images.
La montée en ISO (et la montée du bruit numérique)
Lorsque les conditions lumineuses de prise de vue sont telles que la combinaison focale – ouverture – stabilisation ne suffit pas à garantir un temps d’exposition assez court pour obtenir une photo nette, vous devrez en passer par une « montée en ISO ».
En language clair, vous devrez ajuster la sensibilité pour amplifier artificiellement la quantité de lumière reçue (ou employer une source additionnelle de lumière) pour vous permettre de rester dans les limites d’un temps d’exposition qui évite une photo floue.
Il existe une relation très intime entre ce trio ouverture – sensibilité – vitesse. Changer l’un des trois revient à influencer les deux autres.
(J’ai fait une fiche PDF à ce propos que vous avez obtenu si vous êtes inscrit à la lettre d’information).
Au plus la montée en ISO est forte, au plus la qualité d’une image sera altérée par le bruit numérique.
Le bruit numérique se caractérise par une série de points (ou de tâches) qui apparaissent sur l’image.
- La chrominance génère des taches colorées
- La luminance génère des taches plus ou moins grisées (du blanc au noir)
Je vous renvoie vers cette excellente description du bruit numérique sur wikipedia.
Pour diminuer l’impact de la montée du bruit, il existe plusieurs solutions:
- Activer la réduction du bruit sur votre appareil (Il s’agit d’une option à activer dans votre menu)
- Utiliser les outils logiciels de réduction du bruit
Du même auteur que la video précédente, voici un tutoriel pour éliminer le bruit à partir de Lightroom.
Conclusion
La netteté d’une photo peut être altérée à chaque étape de la construction d’une image. Du sujet au fichier final, il existe beaucoup de paramètres à vérifier.
Dans la pratique, ils s’assimilent assez vite et cela devient très naturel d’en tenir compte.
Et Vous ?
Avez-vous des trucs pour améliorer la netteté d’une photo ?
Super article, Bravo ! tellement exhaustif !
Par une drôle de coïncidence je viens de finir de rédiger un tutoriel Darktable (il paraîtra demain ou après demain) autour de l’outil « renforcer la netteté » equivalent de l’accentuation de Lightroom dont tu parles ici. Ces outils sont vraiment redoutables, mais c’est vrai qu’il faut les manier avec précaution…
Bonjour Ary,
Merci !
Darktable (darktable.org)… je découvre, et je viendrai (avec plaisir) jeter un oeil sur ton article.
Belle journée !
Cette article est passionnant, merci beaucoup à vous et a Tom qui est très cool.
On apprend des choses tous les jours!
Amicalement.
Christian Slag.
Bonjour Christian,
Je suis heureux de vous avoir appris quelque chose.
Merci pour votre retour d’info sympa.
Belle journée !
Eric,
Merci encore pour tous ces sujets traités de façon simple et explicite.
J’espère que ça continuera encore longtemps.
J’ai créé un petit « collectif photo » dans le village où j’habite et nous sommes une dizaine de membres actifs. Le but est de donner gratuitement les bases photographiques à des personnes qui n’ont aucune formation au départ pour leur permettre d’améliorer la qualité de leurs travaux photo, aussi bien à la prise de vue qu’au traitement sur ordinateur
J’avoue me servir assez souvent des articles de votre site pour illustrer les explications que je leur donne sur les différents sujets.
Je leur ai d’ailleurs conseillé de s’inscrire sur votre site.
Bonjour Daniel,
Merci pour vos compliments.
Je continuerai certainement… au rythme du temps dont je dispose.
Excellente idée que ce collectif. De cette manière, vous perpétuez ce que j’appelle « un cercle vertueux » dans lequel ceux qui reçoivent finissent par donner.
C’est cool !
Sentez-vous libre d’utiliser le site (et la possibilité de créer des PDFs) pour vos « étudiants »… et merci de les encourager à s’inscrire, c’est gentil.
Belle journée.. et bons cours !
Bonjour,
Je découvre votre site depuis peu et j’y trouve des informations intéressantes, réalistes, créatives et pratiques.
Si en plus de ces articles vous développez d’autres activités, je serais intéressé d’en être informé.
Je vous en remercie.
Cordialement.
Francis
Bonjour Francis,
Merci pour votre appréciation.
Si par « autres activités » vous voulez dire « d’autres formes de cours photo » (par exemple en présentiel), je n’en prévois pas.
J’ai un projet en tête de site de formation sur les outils de développement… mais il est loin d’être prêt.
Quoique que je fasse dans le futur, et pour autant que cela soit en relation avec la photographie, je ne manquerai pas d’en informer les abonnés à ma lettre d’information.
Belle journée !
Un article de haut vol, que dire ? Un grand bravo !!! Quel professionnalisme !!!!
Marc.
Merci, Marc.
Belle journée !
Bonjour Eric,encore un super article,des plus intéressant et très complet !
Bravo et merci….
p’titJo
Salut p’titjo.
Merci pour ton passage fidèle.
Belle journée !
Un grand merci Eric pour cet article si complet sur ce sujet essentiel, notamment quand on fait le choix d’ imprimer ses photos ( en grand ! )… Je suis plus intuitive que technique, et ces mises au point me font le plus grand bien ! 🙂 J’ai encore néanmoins quelques points d’interrogations …. suite à ton article ! 😉 à savoir la différence entre accentuation et compression ( sur le traitement des raws et jpeg) et à propos de la dioptrie du viseur ( bou, ça sent l’embrouille technique pour moi !!! :v ) : je ne vois pas comment la vérifier … Sinon, j’apprécie beaucoup le regroupement de toutes ces informations ! Je n’ai pas encore résolu néanmoins mon questionnement sur certaines de mes images ( nettes au centre, moins autour, par exemple) que je prends en plan rapproché… je vais devoir continuer à gratter et expérimenter ! 😉
et à propos de la dioptrie du viseur ( bou, ça sent l’embrouille technique pour moi !!! :v ) : je ne vois pas comment la vérifier …
Bonjour
Je ne connais pas votre appareil photo, mais sinon vous avez une petite molette près du viseur optique (la ou vous mettez votre œil) elle est faite pour régler l’image à votre vue 😉
Merci pour l’explication … 🙂
Bonjour Virgine,
L’accentuation est l’action d’augmenter les micro-contrastes. Dans certains logiciels, ils appellent cela aussi le « gain ». Cette action est indépendante de la compression.
La compression définit la valeur dont on va se servir lors de la sauvegarde d’un JPEG. Si tu sauvegardes le JPEG en qualité maximale, la compression est nulle. Au plus tu « descends » en qualité, au plus la compression est forte.
On utilise aussi ce mot parce que le poids du fichier JPEG diminue d’autant que la qualité est faible.
Pour les 3 x 3 images (le cheval) de l’article, le JPEG du fichier haute qualité fait 1,5MB, celui de moyenne qualité fait 220kB et celui de faible qualité fait 72kB.
Pour atteindre ces valeurs plus faible, le logiciel (ou l’appareil) qui produit le JPEG fait des calculs (savants) et « mélange » des pixels entre-eux en formant des carrés de plus en plus grands (d’une couleur « moyenne ») en fonction de la qualité qui baisse.
Si tu observes bien l’agrandissement, cela devient flagrant sur l’image basse qualité.
Un objectif, quel qu’il soit, produit des images plus nettes au centre que sur les bords.
Tout dépend de sa qualité optique, du nombre de lentilles. du fait que ce soit une optique fixe ou pas.
Sur une photo, cela se voit surtout dans les coins… quand on « zoome » très fort (sur son PC).
En général, les optiques vendues dans les kits de base (reflex + optique) sont assez sensibles à ce phénomène.
Le logiciel DxO Optic Pro propose une fonction de correction de l’objectif qui tient compte de ce paramètre et « accentue » plus l’image dans les coins qu’au centre.
Il est aussi possible de faire cela dans Lightroom en appliquant un filtre radial.
Si tu observes ce phénomène à l’oeil nu, sans « zoomer » dans l’image, il y a peut-être un sérieux problème …
La dioptrie du viseur se règle à l’aide d’une petite molette située sur la gauche ou la droite du viseur.
Pour la régler, il n’y a pas de méthode scientifique.
Choisis un sujet bien contrasté, mets ton appareil sur un pied, fait la mise au point avec le LiveView (quitte à zoomer sur l’écran pour bien voir).
Quand l’appareil te dit que la mise au point est bonne, regarde dans ton viseur.
Si tu vois une image nette aussi, il est bien réglé…
Belle journée !
Merci !! c’est encore plus clair que clair !! 🙂
Bonjour Virginie.
Clair et … net ? (lol)
Belle journée.
Super article, complet et pratique!! Je comprend mieux les petits manques de netteté de certains de mes clichés!
Merci de partager tout cela!
Bonjour Rémi. Avec plaisir.
Belle journée.
Superbe article sur un sujet que je ne réussi pas toujours. Tes conseils comme toujours me serviront. Le Lenscal est-il seulement pour les experts en photos? Mon 7D Canon possède ces ajustements, est-il préférable d’investir sur son achat ou le faire faire par un expert dans un centre photo?
En effet, bravo pour votre article !
Une petit question svp :
Les problèmes liés au front & back focus s’appliquent uniquement à la mise au point autofocus ?
Si c’est le cas, alors la mise au point manuelle et la mise au point par le live view (écran) ne rencontrent pas ce problème ?
Merci
PS-en fait je possède le boitier Nikon D3100 qui n’a malheureusement pas la possibilité de régler les erreurs de front & back focus.
D’après la plupart des photographes que j’ai rencontré, quasiment TOUS les objectifs ont des problèmes de front & back focus…vous me le confirmez ?
Bravo Éric, quel article formidable! Grand merci!
Merci Yolande… et avec plaisir.
Belle journée !
Merci beaucoup pour vos aides. Elles sont utiles, pertinentes et de plus agréables à suivre.
Je commence la photo plus sérieusement qu’avant et je retire beaucoup de conseils très judicieux.
Merci encore et bravo d’inclure des vidéos de Tom.
Bien amicalement.
Louis.
Bonjour Louis.
Merci pour vos compliments.
Je suis content de pouvoir participer à votre élan pour la photo … 🙂
Belle journée !
Bonjour Eric,
Grand merci pour cet article très complet sur ce sujet.
On apprend des choses tous les jours!
cordialement
Bonjour Olivier,
Avec grand plaisir.
Belle journée.
Coucou Eric, un grand merci pour cet article très complet, riche d’infos et clair. 🙂
Coucou Titane,
Merci de ton passage ici.
A bientôt.
Bonjour, Quel article! Vous parliez de 5 photographes à suivre, je mets votre blog ds mes favoris. Titulaire depuis peu d’un reflex, J’ai apprécie l’explication sur l ecran tactile..qui a du mal à se focaliser et comprendre enfin pkoi l’appareil voit rouge à certains moments. Votre page est tres riche. Ps: je doute quand même que Rankin et emanuele scorcelletti me disent leurs « trucs » pour faire d’aussi beaux clichés en noir et blanc. mais si vous avez une idée….
Bonjour Genny.
Je suis honoré que mon blog fasse désormais partie de vos favoris. Merci.
Je parle en effet de 5 photographes à suivre (dans cet article).
Evidemment, la plupart des photographes (connus ou moins connus) ne répondront jamais à des sollicitations.
Mais quelques-uns le font … (peut-être pas ceux que vous voulez vraiment, mais bon…).
Belle journée
Comme toujours, des articles parfaitement ficelés, pas trop longs et très instructifs! Tu fais partie des favoris dont je m’inspire beaucoup pour les formations internes au niveau de notre club.
Puis-je te demander à pouvoir utiliser quelques unes de tes fiches et certains commentaires (avec, bien entendu à chaque fois, citer la source et ton adresse) pour compléter nos informations? Il s’agit de notes internes au club qui ne sont pas diffusées en dehors. Merci pour ta réponse.
Bonne continuation, c’est super intéressant.
Bonjour Philippe.
J’apprécie beaucoup ta démarche (me demander mon autorisation).
Si tout le monde fonctionnait comme cela, il y aurait beaucoup moins de méfiance dans le monde.
La License que j’utilise pour mon site est la suivante : CC BY-NC-ND 4.0
En clair, qu’est-ce que cela veut dire :
Que tu es libre de : Partager, Copier et Distribuer le contenu
Sous les conditions suivantes :
– Attribution : la source doit être citée (article ou site en général)
– Non Commercial : Rien ne peut être utilisé si le but est commercial
– Aucun Dérivé : du matériel « transformé » ne peut être utilisé sous aucune forme que ce soit (partage à l’identique)
Pardon pour ce contexte un peu formel. Je préfère toujours utiliser les termes de Creative Commons pour éviter de faire des erreurs.
En résumé : oui, tu peux utiliser le matériel du site pour tes explications.
Belle journée !
Bonjour,
Merci pour ta réponse positive au sujet de l’utilisation de tes sources et données et surtout pour tes précisions. Crois-bien que je ferai tout ce qui est possible pour qu’il en soit ainsi.
Je reprendrai contact avec toi plus tard à ce sujet et peut-être sur l’opportunité d’un passage au club de « Photo Namur Passion » si cela est possible pour toi.
Merci encore et … surtout, bonne continuation.
Bonjour Philippe.
Je n’ai pas d’inquiétudes à ce sujet.
Un passage par ton club est tout à fait possible.
Belle journée !
Super bravo.
Inscrit depuis peu je découvre, découvre et découvre à chaque visite.
Je ne crois pas qu’on ait l’équivalant ici (Canada français).
Je souhaite que vous transmettiez longtemps votre savoir. On en profite tous et moi particulièrement.
Grand merci à vous.
Bonjour Gaëtan,
Wow… Merci pour vos compliments.
J’adorerais passer un peu de temps au Québec.
Je continuerai à faire des articles…
Belle journée !
Bonjour,
J’adore votre approche pedagogique de la photo côté technique et plus encore sur la demarche artistique, l’intention photographique qui me font bcp reflechir sur ma pratique et m’ameliorer.
Il semblerait que l’inscription pour recevoir les 4 fiches PDF ne fonctionne pas.
Pourriez vous me les envoyer à cette adresse ?
Merci.
Bonsoir
depuis plusieurs jours je suis bléssé é un pied ce qui m’empêche d’aller dans la nature faire des photos,donc je lis des tuto sur la photo et je suis tombé sur votre site.Permettez moi de vous dire que vos explications sont d’une limpidité professorales et pour moi ça renforce les choses que je savais deja ou que j’ai decouvert un peu tout seul,mais aussi j’apprends beaucoup de choses tres pratiques.
Merci pour tout cela
Bonjour Arnold,
D’abord, permettez-moi de vous souhaiter un prompt rétablissement !
Je vous remercie pour votre retour d’information et vos compliments.
Cela me fait toujours plaisir et me motive pour partager de nouveaux articles.
Bonne journée,
Eric
Très bon articles, très instructif, continuez et merci encore du temps que vous passiez
Merci Messa !
Toujours des articles remarquablement ficelés et explicites. Comme je te l’avais déjà signalé il y a un bon bout de temps, tes publications sont pratiquement toujours la base ou le point de départ de ma formation personnelle dont je dispense le contenu à mes collègues photographes amateurs tout comme moi (avec toujours mention de l’auteur et l’adresse de ton site).
Meilleurs vœux pour 2018 et encore beaucoup de belles envolées photographiques.
Merci Philippe !
Bonne continuation pour tes cours et merci de t’inspirer de mes articles.
Belle année à toi et tes proches.
Eric